Le vide 2. flambeaux by Patrick Senécal

Auteur:Patrick Senécal [Senécal, Patrick]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Policier
Publié: 2011-09-18T22:12:34+00:00

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Maxime caressa les cheveux de Gabriel qui dormait à poings fermés dans un vrai lit, dans une vraie chambre. L’enfant vivait chez lui depuis un mois. Peu à peu, il s’habituait au fait d’être bien traité, bien nourri, respecté. Il ne parlait jamais. Mais tous deux se comprenaient sans problème.

Le PDG expliquait à son entourage qu’il s’agissait d’un neveu qu’il avait adopté. Gabriel aurait même bientôt un certificat de naissance et d’autres papiers attestant cette histoire. Maxime avait mis le prix pour que le tout soit sûr, discret et rapide. Seul Masina trouvait cette histoire louche.

On avait parlé du « massacre de la Gaspésie » à la télévision, bien évidemment. Le mot pédophilie avait été prononcé à la suite de certaines découvertes dans la maison. Mais, bien sûr, impossible de remonter jusqu’à Maxime. À la télévision, le député de la région criait son indignation. On avait aussi interrogé quelques habitants du coin. La plupart affirmaient que les Rousseau étaient des gens à l’écart et un peu bizarres, mais jamais on ne se serait douté qu’il se passait des choses atroces chez eux.

— Nous autres, on se mêle de nos affaires…

Maxime avait fermé la télévision, mortifié.

Il sourit en remontant la couverture sur l’enfant. Avant, c’était Francis qui donnait la force à Maxime de continuer. Maintenant, Gabriel avait pris le relais. Non, il ne remplace pas Francis, s’opposait une voix intérieure. Il en est le contraire. Francis aurait tout fait pour changer les sentiments qui t’habitent en ce moment, comme il l’avait déjà fait par le passé. Mais aurait-il réussi, cette fois ? Quelques minutes avant de mourir, sur le quai du métro, ne disait-il pas à Maxime qu’il le trouvait de plus en plus agressif ? Désormais, la haine était là, inutile de le nier. Et elle était un moteur formidable… mais un moteur qui ne servait encore à rien.

Maxime se leva, vit la boîte de Froot Loops près du lit. Gabriel en traînait toujours une avec lui et le milliardaire s’assurait qu’il n’en manquait jamais dans le garde-manger. Quand ils avaient quitté l’ignoble maison, le gamin n’avait voulu emporter qu’une seule chose : ses céréales. Il n’avait pu dire à Maxime où était la clé qui aurait détaché la chaîne pendant à sa cheville (le milliardaire l’avait cherchée en vain et avait scié la chaîne seulement une fois de retour chez lui à Montréal), mais il savait où se trouvaient les quatre boîtes de Froot Loops de la maison.

Maxime prit la boîte et sortit silencieusement de la pièce. Il passa de longues heures assis à réfléchir, comme il le faisait chaque soir depuis un mois, lorsqu’il revenait de ses journées au bureau où il traînait comme un tragique automate. La haine bouillait, le moteur tournait à fond… Mais il tournait à vide. Il fallait trouver une courroie, des cylindres, une transmission…

Au bout d’une heure, il ouvrit la télévision. Il écouta une bonne discussion entre différents intervenants culturels, puis zappa. Il tomba sur une émission ahurissante où les concurrents, pour demeurer dans la compétition, devaient manger des vers de terre et autres bestioles du même genre.

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